Vieillir

La vieillesse a deux "L" pour monter au ciel ....

Ils marchaient tout lentement se tenant la main, courbés dans leurs tristes manteaux, serrés l'un près de l'autre. A les voir monter péniblement la rue du Ranelagh faisant face au vent froid venu de la Seine et à leur fin de vie, on se surprend à leur inventer un passé. Lui et elle sans âge précis mais pathétiques dans leur peau de vieillard, on se dit qu'ils ont dû s'aimer, ne jamais se quitter au point qu'aujourd'hui encore leurs épidermes flétris cherchent la chaleur perdue. Là on voudrait s'arrêter et les kidnapper au destin cruel que l'on sent prêt à frapper. On pourrait crier et leur dire "attention" comme pour échapper à la chute d'un projectile au dessus de leurs têtes, qu'ils n'entendraient pas notre voix, ne comprendraient pas nos signes et ne sauraient l'éviter. Peine perdue, on le sait, telle est la vie ! Et pourtant, perclus de souvenirs gais et malheureux ils essaient encore et avancent ensemble pour acheter le pain, en donner aux pigeons et rentrer épuisés de la promenade hygiénique prescrite par le docteur en même temps que l'antihypertenseur.

Pour l'instant l'escalade les anéantit et le souffle de leurs paroles s'éteint dans la brise froide économisant leurs maigres forces puisqu'ils n'ont qu'un but, une seule raison de vivre, encore; L'autre. Quand le moment sera venu ils s'en iront au dessus de la rue et de leur quartier, prendront le premier courant d'air quittant Paris et ils voyageront tous les deux...Car on ne peut voler qu'avec deux ailes.....

Catel