Doux félidé
Deux taches claires dans un trou sombre surveillent la maison. Ce sont des billes que l’on dirait de verre et de Murano. Irisées, jaunes et violettes, les pupilles du chat regardent partout sans bouger la tête. Il est noir, sans l’ombre d’une ombre sur son pelage ciré, avec des moustaches géantes qui ornent son nez. Une oreille palpite, l’autre se dresse, mais qu’attend le chat pour dire ce qu’il veut ? Puis soudain il interrompt sa méditation nocturne, sort ses griffes et les affute au fauteuil, s’assied sur son auguste postérieur et frénétiquement achève sa toilette de l’après midi. Après une manucure précise et distinguée il ausculte sa gamelle, goûte une bouchée, hume les vapeurs échappées du « fait tout », et s’éloigne dédaigneusement comme trompé par les augures parfumées. Il n’a pas sa place, il les a toutes et ce soir c’est devant la cheminée qu’il s’allonge aux aguets. Une brindille, un craquement dans le brasier le mettent en émoi. Il chauffe, non il brûle, tant il a deviné que nous n’aurons de cesse de le caresser. Alors il implore un peu de tranquillité, ferme ses grands yeux dorés, fait le pacha, démarre un ronron calme et régulier et tombe doucement dans les bras de Morphée.
Catel