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L'Ecritoire
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L'Ecritoire
15 juin 2008

La solitude

Le sujet aurait mérité mieux : plus de profondeur et d'analyse, davantage de recul sur un destin hors norme qui en aval de cette caméra perd ses reliefs et son brio. Finalement peu importe car le long métrage de Diane Kurys donne et laisse toute sa place à l'héroïne. Tout simplement on ne voit qu'elle, happé par son regard en coin, son phrasé saccadé et sa diction incertaine le spectateur est envoûté! Tant de vraisemblance et de crédibilité intiment le respect dû à l'exception. Sylvie Testud, puisqu'il s'agit d'elle nous a habitué à sa liberté de choix et d'expression et nous a conquis grâce à son jeu finement étudié mais ici un mimétisme troublant qui boit à la source d'une évidente ressemblance physique, nous fait partager le quotidien d'une âme errante et perdue, sauf pour l'écriture. On ne peut s'empêcher d'établir un injuste parallèle avec la prestation de Marion Cotillard dans la Môme, les deux films ne se comparent pas mais le travail des comédiennes, si. De mon point de vue le moins spectaculaire des destins révèle une osmose telle que bien souvent on se croit en présence de Sagan alors qu'il n'y a rien à faire, Piaf, bien que académiquement imitée, à aucun moment ne touche ce point de vibration où l'harmonie densifie l'instant et nous met à la juste place des choses. Cependant les ombres sont les mêmes : l'angoisse de la solitude, la peur de l'échec, la quête d'un amour tellement sublimé qu'il en reste à jamais introuvable; les remèdes sont identiques aussi : une lancée presque suicidaire dans le travail artistique et le défilé des verres, de Champagne le plus souvent qui donnent l'impression que l'on boit sans s'alcooliser, la drogue et les expériences amoureuses multiples. Comme si repousser les limites conduisait un jour à pouvoir les dépasser...Ces trajectoires ont en commun l'appréhension tellement aigüe de la solitude qu'elles la magnifient et la transcendent pour la donner au monde en habit de Beauté. C'est cela ou mourir plus vite que les substituts au bonheur ne les précipiteront. De surcroît, et voilà l'un des attraits de ce film, quelques citations de l'écrivain parsèment les dialogues, suffisamment pour nous donner envie de relire "Bonjour Tristesse" et de reconquérir un indicible, passé inaperçu lors des premières découvertes.

Catel


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