L'appel
"Les SS en pèlerine noire sont passées. Elles ont compté. On attend encore. On attend. Depuis des jours, le jour suivant... . On attend le jour parce qu’il faut attendre quelque chose. On n’attend pas la mort. On s’y attend. On n’attend rien. On attend ce qui arrive. La nuit parce qu’elle succède au jour. Le jour parce qu’il succède à la nuit. On attend la fin de l’appel...”
Charlotte Delbo, Aucun de nous reviendra, Paris, Les éditions de minuit, 1970 (AuschwitzAuschwitz et après, I)
Cette citation parce qu'aujourd'hui c'est la folie qui m'occupait, celle des hommes sous l'emprise, saouls de l'emprise d'un monde trop grand, trop mystérieux pour eux, avec lequel pourtant ils se mesurent. L'indigence du faible fertilise le terreau de leurs ambitions et ils vont, regard désincarné, anéantir ce qu'il reste d'humanité pour briller seuls au Panthéon des âmes perdues.
Pour les autres, modestes et vaquant à l'ombre d'une folie douce la vie s'étire entre les égarements lucides de la perception trop prégnante de l'absurde et l'espoir ténu qu'il en advienne un absolu. Ceux là parfois savent entendre le clapotis universel qui tinte au fond d'eux mêmes et si par chance ils le saisissent, Rubens, Bach, Voltaire...peuvent survenir. Les artistes sont tous un peu fous mais ces fous là ont la chance d'être artistes.
Catel