naissance
Le mystère s’est incarné. Aurore est arrivée à l’heure du soir foudroyant, quand le soleil horizontal en barre parallèle à la ligne d’horizon, allonge les ombres. Faisant de sa future vie un défi à contrarier l’opposition de son nom et de son heure de naissance, elle passe de la nacelle volantée à celle des bras amis qui veulent la bercer. Les yeux clos sur son avenir, agitée lentement par les frémissements de la vie, paupières si ténues en marge de cils longs comme ceux d’une dame, elle s’offre ingénument sans même jouir du spectacle de la pose. Innocence incantatoire protégée, ose-t-on le croire, par sa fragile apparence.
Elle détient les espoirs de la communauté humaine, chacun s’interrogeant : saura-t-elle faire mieux que nous ? Éviter, non les drames de l’existence mais leur mauvaise gestion, impossible intégration, inutile dégradation…. Et si le dépassement des limites, la perfectibilité se transmettaient générationnellement au lieu de rester un combat personnel, une conquête individuelle que chaque nouveau-né reprend à son compte…..Un rêve d’Icare, un Sisyphe suspendu à la crête des sommets, une utopie sans espoir de retour. Un début irradié de lumière qui éclaire et met en relief les crevasses et précipices, chausse-trappes, gouffres, toute vacuité anéantissante desquelles il faudra triompher pour ne pas mourir prématurément.
Petite fille faite grâce, tu es si jolie, bouton de fleur, en toi la joie infinie d’être pour deviner la vie.
Catel