Passé, présent, avenir
Passé, le temps.
L’heure éffeuille ses plaisirs dans l’inconsolable veuvage du temps. Le prédateur porte la main à tout ce qui bouge car il sait que ce qui vit est immuable. Lui seul le sait intensément. Et l’abîme est inconscient, enchassé dans le faisceau des apparences. Il plane, tel un rapace égaré et la question se répète indéfiniment. Pourquoi m’as tu abandonné ? Pourquoi as tu ouvert le tombeau du ciel qui à présent ne connaît que le gris ? Il déborde d’un trop plein de larmes qui à force ne veulent plus rien dire.
Présent, maintenant.
La trace ne peut être que légère et nuançable. Elle naît de l’absence, volatile et défunte. L’air a soufflé sa substance et le passé s’évapore. Croit-on. Mais nous ne mourrons que d’avoir été. Alors pour tricher et se sauver de l’angoisse, la page s’étire, noire d’écriture et de souvenirs, à venir. Quelquefois derrière la porte, le guetteur écoute et pour lui tout fusionne. Tout est transparent et fluide. Plus d’ange en lutte avec les fourches du diable, la détresse de l’homme tient en son plus bel amour, celui qu’il a perdu, celui qui l’a perdu.
A venir...
Chaque matin revisiter le monde sous la dictée mystérieuse de l’ineffable au moment où le sommeil mourant s’évanouit et nous lève du comas de la nuit. Alors il faut enfreindre la loi commune, celle de la routine et du bien vivant, et veiller à que la flamme brille le plus loin et le plus longtemps. S’arracher aux torpeurs lénifiantes pour combattre le monstre immortel, ta perte inéluctable, ton absence inconsolable.
Catel