Samedi soir

On se le demande mais ce soir là rien n'est pareil, les couleurs inventent des nuances inimaginables, les mets des restaurants accroissent leurs saveurs, et nous, nous avons la légèreté d'un vol au vent. Il revient rituellement ce samedi soir comme un cadeau qui ne serait pas empaqueté ou une surprise qu'on aurait deviné. Pour peu que notre coeur soit gai et la fatigue supportable nous décidons, pour un soir, de transgresser. Boire, manger, se récompenser, oublier!

Il y a une allégresse, pauvre et mutilée mais un débordement tout de même, exaltant, qui invente un espace de bien être entre des jours de containte et d'efforts. En ces quelques heures rescapées nous sommes en sursis de liberté où là encore le temps est compté...Peut-on apprécier le bonheur quand nous en connaissons l'heure du début et de la fin? Il y a t-il une joie quand l'innocence l'a désertée? Nous trompons notre coeur, trichons avec nos sens, anesthésions notre intelligence pour justifier ce moment d'errance et de réparation. Parce qu'il le faut ! sans quoi nous laisserions au doute et à l'angoisse toute la place pour nous dévorer.

Nous allons voir le monde, nos semblables. Retourner le miroir et se distraire de soi même, fantasmer sur une autre vie et un impossible, croire à la magie tant les lumières resplendissent sur la ville. C'est samedi, notre samedi et c'est sacré!

Catel 

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