Il pleut
La pluie de Jean Rouaud tombe sur la région nantaise. Les fils d’eau relient le ciel à la terre, claquent au sol, le creusant de rigoles perfides. Les éclaboussures rebondissent entre elles et giclent sur les bottes du promeneur amusé.
Il faut naître ici pour aimer autant les giboulées sporadiques ou la brume humide qui mouille sans transpercer. L’autochtone du pays de Loire, de la basse Bretagne aime sentir effleurée sa peau des embruns de l’ouest. Avec les escargots il sort reconnaître sa terre gorgée de flaques, y trempe son âme car l’eau est son élément, son liquide amniotique.
Il marcherait ainsi jusqu’à la source, à l’océan vivant et vital, attendrait les grains doux ou brutaux et saluerait les premières gouttes d’un sourire salé. La cohorte nuageuse grise, noire et blanche vaporise régulièrement les champs et les bois qu’il convient d’arpenter quand il pleut justement. C’est alors que la mousse gonfle son torse au pied nord des chênes, que les sarments ramollissent leur peau craquante, que les feuilles tressaillent d’émotion sous la main du vent et le marcheur tel un chat fouineur éveille son attention à la nature qui le pénètre tout d’un coup.
En Loire Atlantique on attend que le ciel veuille bien pleurer, un peu, de temps à autre et c’est pour le consoler que nous sortons.
Catel