Buxus sempervirens
Au jardin du passé continue de croître Mon Buxus Sempervirens. L'incontournable ornement de l'art topiaire poussait là en pagaille parmi les feuilles de chênes, les glands tombés comme du nid et les cyclamens sauvages et d'automne. Aux multiples nuances des pétales rosées et inodores s'emmêlait une senteur indéfinissable mais unique et typiquement identifiable. Celle du buis dans lequel je plongeais le nez pour m'enivrer et qui ne se laissait apprivoiser par mes sens. Car on peut se remémorer une image que l'on revoit distinctement, une parole dite ou entendue que l'on se répète en pensée mais, comme une saveur, on ne peut se souvenir d'un parfum. Juste le reconnaître quand il survient. Ma mémoire instinctive d'enfant avait pourtant inscrit l'âpreté rêche des effluves verdoyantes, l'associant peut être à la promenade du soir, à l'heure où tout se relâche. La fatigue d'une journée d'école noyée au coeur des arbustes comme au fond d'une fourrure animalière et vivante s'effaçait au contact fébrile de la plante.
Il n'y a pas de jardin, encore aujourd'hui, sans le buis de mon enfance qui tire insidieusement les souvenirs de l'oubli.
Catel